Cette exposition associe plusieurs séries de variations :

Dragons volants fait écho à un poème de Jiao Ran, poète chinois du 8ème siècle

Nuages-Montagnes – sur un poème de Po Ou, poète coréen du 14ème siècle

Chants d’oiseaux fait écho à la musique de Messiaen

Dragons volants

Cette série est un hommage à Zhang Xu, dit Zhang-le-fou, immense calligraphe de l’époque des Tang (7-8èmes  siècles). Elle fait écho à un poème de Jiaoran qui compare la calligraphie de Zhang Xu à  des dragons fougueux galopant et voltigeant, dégringolant et remontant.

La figure du dragon qui traverse l’univers en tous sens évoque le souffle originel invisible qui ne cesse de donner vie à toutes les créatures. De même la calligraphie, née de l’observation de la nature en perpétuel mouvement, tente de rendre visibles les cheminements de l’énergie, le rythme du cœur battant de l’univers.

J’ai tenté à mon tour de me laisser pénétrer par cette danse des dragons, d’en laisser se répandre les vibrations sur le papier, de donner figure à l’exultation de la vie, dans le sillage du Vieux-fou au cœur serein.

Nuages-montagnes

Incessant ballet des nuages au milieu des montagnes et des montagnes au milieu des nuages.

Immergé dans ce mouvement de transformation perpétuelle, le poète se fait l’écho de la nature

“Tandis que l’homme devient l’intérieur du paysage, celui-ci devient l’intérieur de l’homme. Tout se passe comme si l’univers, se pensant, attendait l’homme pour être dit.”

François Cheng

Chants d’oiseaux en écho à la musique d’Olivier Messiaen et plus particulièrement au Catalogue d’oiseaux et au Prêche aux oiseaux du St François d’Assise. 

J’aime cette musique qui m’ouvre des espaces de rêve et de voyage intérieur infinis, ses profondeurs, ses transparences, ses superpositions vibrantes et ses silences de cristal. 

J’aime aussi, avec l’encre et le pinceau, laisser s’inscrire dans le papier les traces d’une histoire secrète qui se propage depuis la nuit des temps de poète en poète. 

A l’orée de l’histoire des hommes, un poète regarde les étoiles dans le ciel, déchiffre les traces de pattes des oiseaux sur la grève et invente les caractères  d’écriture.

Puis vint le pinceau qui sortit l’écriture  de son lit d’argile et lui apprit à danser.

Tel grand calligraphe inventa l’écriture d’herbe en regardant le combat de deux serpents et tel autre la cursive folle à la vue de la danse du sabre exécutée par une dame de la cour.

Toute calligraphie nous raconte une histoire, l’histoire de notre mystérieuse relation au monde, à tous les êtres vivants qui nous entourent ; une histoire de naissance et de mort, de tendresse et de solitude, de guerre et de paix que nous n’aurons jamais fini de déchiffrer et de raconter.

Entrons dans la danse du pinceau qui des mots anciens fait jaillir des réalités nouvelles et que toute parole écrite soit semence de vie !